Voici le mois de décembre arrivé.
J'ai choisi cette année, de ponctuer les mois avec les images d'un calendrier que nous avons édité en 2012. Le fil rouge en était bien sur le Maroc mais à travers des regards sur le féminin en particulier.
Cette petite chèvre est caractéristique d'une époque qui est peut-être en train d'évoluer vers ce qu'on appelle le progrès et le développement... à la manière capitaliste et pas forcément raisonnable.
Bien sûr que tout peuple a envie de vivre mieux, mais je ne suis pas sûre que le modèle choisi soit le bon. Surtout quand on regarde les conséquences des profiteurs du capital. Quelle note va avoir cette petite chèvre ?
j'écoutais ce matin à la radio l'excellente émission de France Culture Terre à Terre. La forêt était à l'ordre du jour et en particulier l'arganier.
Savez-vous que des forêts ont été rasées à la fin des années 80 afin d'y installer des serres pour que les habitants de l'Europe aient des tomates toute l'année ? Savez-vous que les multinationales se se sont emparées de la production d'une grande partie de l'argan sans réfléchir à ce qu'il y avait derrière du point de vue humain et écologique : alors que l'arganier se renouvelle seul à condition qu'on le respecte. Alors les ingénieurs savants ont emprisonné les racines dans des sacs noirs avec une motte comme on fait pour les terres non arides de nos pays. Sauf que pour l'arganier, comme le palmier, l'olivier et les arbres qui vivent dans les régions très arides voire désertiques, développent des racines très profondes. Donc, quand les jeunes racines arrivent au sac noir, elles s'entortillent en "chignon" et pour finir quand elles seront replantées, ces jeunes poussent périront avant la fin de leur première année car les racines ne trouveront plus le chemin de la nappe phréatique profonde. CQFD.
Mais ce n'est pas tout !
L'arganier a vraiment été un outil de développement de la femme marocaine : les coopératives de femmes d'arganier se sont développées car ce sont les femmes qui ont le savoir pour la fabrication de l'huile traditionnelle; Donc les fabriques sont installées dans les lieux de récolte des noix d'argan et c'est tout un cercle vertueux qui s'est mis en place, une leçon d'écologie économique (certes c'est un pléonasme, mais il faut parfois appuyer une idée...) : les enveloppes ligneuses retournent comme fourrage au bétail (chèvres et dromadaires), les coquilles en bois dur servent à chauffer, le tourteau après la presse est transformé en savon ou en masque, et le femmes qui travaillent l'argan ont des mains exceptionnelles. Elles viennent travailler quand elles peuvent, elle vendent elle-même les produits ; tout une chaîne remarquable qui a permis aux femmes d'apporter un mieux économique dans le foyer, envoyer les enfants à l'école, même les filles, et ensuite au lycée. Et que se passe-t-il aujourd'hui ? Les sociétés capitalistes ont sortis les noix de la région, et mécanisé la production de l'huile. Alors les femmes des coopératives sont employées par ces sociétés pour casser les noix car la coque est vraiment très dure, il y a souvent une cloison interne, et les machines ne savent pas faire ! Alors que reste-t-il dans tout ça ? Les femmes sont payées à la masse de noix décortiquées : elles doivent donc casser beaucoup de noix pour n'avoir qu'un maigre salaire. Elles ont les mains toutes abîmées du fait de leur travail Et pour avoir un salaire leur permettant juste de nourrir leur famille, les femmes gardent les grandes filles à la maison pour s'occuper des petits.
Bilan : les pauvres restent pauvres et s'abîment la santé ; les filles ne vont plus à l'école ; les femmes perdent l'estime qu'elle avaient gagné de cette activé génératrice non seulement de revenus mais d'un développement réellement durable et équitable.
Bien heureusement, il reste encore des producteurs locaux et de vraies coopératives, mais pour combien de temps.
JE HAIS LES AGENCES DE NOTATION E TOUT CE QUI VA AVEC ! Résiste petite chèvre !
N'hésitez pas à faire suivre ce billet...
Bises de Denise, La Nomadine