La librairie des mémoires et Rachid Boudjedra

Vous l'avez sans doute remarqué depuis longtemps, j'ai une certaine histoire d'amour avec le désert...
Vous ne le savez peut-être pas, j'aime beaucoup Rachid Boudjedra, auteur algérien dont j'adore son roman "les mille et une années de la nostalgie" dont je vous ai déjà mis une citation.
Vous l'ignorez peut-être, j'adore traîner dans les librairie et me perdre parfois pour faire des découvertes inattendues.
Il fut un jour où je fis la rencontre d'un de ces lieux.
Ca se passe à Lyon, dans le 7e arrondissement, une rue parallèle au Rhône, la rue Cavennes. C'est là qu'en marchant sur le trottoir, mon regard fut attiré par une vitrine intrigante : une librairie que je ne connaissais pas, avec des titres et des thèmes qui attiraient mon attention...
Après mon rendez-vous, je me pressais d'y revenir. Un lieu rempli d'ouvrages qui ont déjà eu une première vie au moins. Et franchement, ma promenade ne fut pas vaine... Evidemment, dilemme terrible pour faire un choix et ne pas acheter le fond...
Ce jour là, je revins entre autre avec un livre de Rachid Boudjedra que je ne connaissais pas : "cinq fragments du désert" illustré par Rachid Koraïchi et traduit par Hakim Miloud aux Editions Actes Sud.
Ecriture arabe et écriture française, dessins, non seulement un livre mais un bel objet;

Je vous en "livre" un "fragment" :
"Désert : départ et retour du même signe vers quelque halte téméraire où l'on effrite sa précarité, où l'on efface ses propres traces. Calcination ! Mais qui a dit qu'il était chaud ? Le Marachal Lyautey, conquérant du Maroc, écrivit que c'était un continent froid où le soleil était chaud. La nuit il y a cette vacuité : c'est-à-dire l'impression que quelque chose manque tout à coup. Brutalement ! Serait-ce la chaleur qui s'évacue dès que le soleil a disparu ?
Sentiment (ou sens ? ou sensation ?) de l'instabilité, comme si on touchait cette clarté qui s'effrite, tel un verglas..."

Au fait, vous ai-je dit que cette librairie s'appelle la librairie des mémoires...